«Pour être véritablement stimulant, un voyage, tout comme une vie, se doit de reposer sur une solide base d'insécurité financière. Sinon, vous êtes condamnés à une traversée routinière, celle que connaissent les gens qui jouent avec leurs yachts... les plaisanciers, comme on les appelle. Le voyage appartient aux marins, aux nomades de ce monde qui ne peuvent ou ne veulent pas rentrer dans le moule. Si vous envisagez un voyage et que vous en avez les moyens, abandonnez l'idée jusqu'à ce que la roue tourne. Alors seulement vous comprendrez ce que signifie la mer. «J'ai toujours voulu naviguer sur les mers du Sud, mais je ne peux pas me le permettre.» Ce que ces personnes ne peuvent pas se permettre, c'est de ne pas partir. Ils sont empêtrés dans la discipline cancéreuse de la sécurité. Et ce culte de la sécurité nous enferme dans la routine: en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, nos vies ont disparu. De quoi un homme a-t-il vraiment besoin? Quelques kilos de nourriture chaque jour, un peu de chaleur et un abri, un mètre quatre-vingt dans lequel s'allonger... et une quelconque forme d'activité qui fournira un sentiment d'accomplissement. C'est tout. C'est tout, dans le sens matériel. Mais notre système économique nous fait subir un lavage de cerveau, et nous finissons enterrés sous une montagne de factures, de dettes, de gadgets innommables et de jouets qui détournent notre attention de la plus pure imbécillité qu'est cette comédie. Les années passent à la vitesse de l'éclair, les rêves de jeunesse s'estompent, recouverts de poussière, sur l'étagère de la patience. Avant qu'on ne s'en aperçoive, la tombe est scellée. Mais alors, où est donc la réponse? Dans le choix. Que préférez-vous: la faillite du porte-monnaie ou la faillite d'une vie?»
Lu sur : http://www.seashepherd.fr/news-and-media/editorial-120205-1.html
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